Lamb de Yarek Zeleke, Ethiopie, 2015, 1h34

Cette scène de marché se distingue par une utilisation originale du son et de la musique. Dans un premier temps, on perçoit des sons diégétiques, c’est-à-dire issus de sources visibles à l’écran, comme le bêlement des moutons, les bruits de pas et le cliquetis de bracelets. À cela s’ajoute une musique traditionnelle qui, initialement, se mêle harmonieusement aux sons ambiants, avant de devenir une musique non-diégétique, c’est-à-dire provenant d’une source invisible et ne faisant pas partie de l’environnement représenté. Le montage sonore de cette séquence nous immerge en tant que spectateurs, facilitant l’imagination de l’atmosphère d’un marché vivant dans cette ville. Par la suite, la musique prend le dessus sur les sons diégétiques de la scène. Ce choix de mixage sonore crée une distance, rendant impossible l’audition des échanges entre Ephraïm et Tsion. Cela dirige notre attention vers les expressions des personnages, qui deviennent le principal vecteur de leur communication. La musique, tout en étant envoûtante, suggère subtilement, sans recourir au dialogue, que les deux protagonistes s’apprêtent à conspirer, éveillant ainsi une atmosphère de mystère et de malice entre les personnages, et ce procédé attise la curiosité du spectateur.

La Petite Vendeuse de Soleil, de Djibril Diop Mambety, 1999, Sénégal, 45min

« Cette belle histoire d’amitié est également portée par une musique et un rythme omniprésent, jusqu’au son de ses béquilles, élément récurent qui annoncent à chaque fois la présence de la petite fille. L’utilisation de la musique est audacieuse et remarquable, comme l’ensemble de la mise en scène et la direction de ces jeunes acteurs non professionnels qui brillent de par leur spontanéité et leur réalisme.
La Petite vendeuse de Soleil oscille entre le conte et le documentaire. Djibril Diop Mambety nous emporte tantôt dans un univers lumineux où l’amitié et la détermination semblent être les clés du bonheur et nous transporte en même temps dans un pays et une ville dont il sait magistralement raconter la réalité quotidienne. »

Guide du film sur le site Benshi