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calamity, une enfance de martha jane cannary

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Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary, Rémi Chayé, France, 2020, 1h22

Calamity se présente comme un film de western en intégrant les thématiques essentielles du genre : la conquête de l’Ouest, l’immensité des paysages, les dangers de la vie de pionnier et l’esprit nomade. Néanmoins, le film ose renouveler cette tradition en plaçant au cœur de l’histoire une jeune fille. Plutôt que de s’engager dans des duels contre ses ennemis, elle lutte contre les contraintes imposées par son statut de jeune femme. Cette séquence montre Martha s’entraînant au lancer de lasso et à l’équitation, des activités traditionnellement réservées aux hommes. En s’appropriant ces pratiques, elle défie les normes de genre et pénètre des espaces considérés comme masculins. Dans cette scène, plutôt que d’affronter un adversaire, Martha se mesure à une chaise, un lasso et un cheval. Ces activités, qui lui étaient précédemment interdites, deviennent désormais accessibles, bien qu’elle doive encore se cacher pour s’exercer. L’expression déterminée sur son visage et la concentration qu’elle affiche évoquent les duels emblématiques des westerns classiques. Avec une touche plus moderne et peut-être un brin d’humour, cette séquence illustre parfaitement l’affiliation formelle du film au genre western tout en en réinventant les codes.

BONUS

Bonus il était une fois dans l’ouest

Il était une fois dans l’ouest, Sergio Leone, 1969, États-Unis, 2h55

« Une gare de fortune au milieu du désert. Sous un soleil de plomb, trois hommes vêtus de cache-poussières attendent patiemment l’arrivée d’un train. Avant que celui-ci n’entre en gare, la caméra s’attarde longuement sur leurs gueules patibulaires, les regards torves qu’ils s’adressent d’un air entendu, et l’expression insondable que dissimulent leurs traits impavides. Cette interminable attente, Sergio Leone en saisit toute la dramaturgie figée, et transforme une longue stase mutique – la séquence excède les dix minutes – en un ballet formel et sonore hypnotique. Du vrombissement d’une mouche piégée dans le canon d’un colt, aux gouttes d’eau perlant sur la calotte d’un chapeau, chaque détail infime prend une dimension opératique, le tout rythmé par le sifflement lancinant d’une éolienne grinçante. Et lorsqu’au gré d’une contre-plongée virtuose, le train finit par arriver en gare, c’est d’abord l’air plaintif d’un harmonica qui annonce l’entrée en scène d’un quatrième larron, tout de blanc vêtu, venu en découdre avec les trois autres. S’ensuivent un échange lapidaire, un face-à-face au zénith, et la mise à feu des charges patiemment disposées dans une fusillade éclair. La poudre a parlé : les trois hommes sont tués, le quatrième blessé. La caméra s’attarde alors, dans un léger travelling arrière, sur l’éolienne et son grincement métronomique, seul son rompant un silence de mort. »

Léo Moser, Pourquoi 50 ans après sa sortie, « Il était une fois dans l’Ouest » est un chef d’œuvre intact ?,  Les Inrockuptibles